1.7.08

Half Life

Pourquoi continuer ? Que faire ? D'ou vient ce sentiment d'implacabilité ?

Je crois que les complots que l'on dénonce ne sont pas des complots voulus. Je les perçois comme subis, inconsciemment menés comme un moyen naturel de survie. Les habitants du tiers monde seraient par exemple en droit de dénoncer un complot des citoyens occidentaux à leur encontre. Or, chacun d'entre nous ne se sent pas être un conspirateur machiavélique. Les plus fortunés d'entre nous sont persuadés du bien fondé de l'économie, de la croissance, de la nécessité des privatisations et des créations de richesses. Peut-être que certains puissants s'envolent dans leur rêve de complot occulte et de pouvoir diabolique. Je pense toutefois que l'écrasante majorité de ces gens est inconsciente du mal qu'elle fait. Je perçois ces gens comme une volonté inconsciente de pouvoir et d'autodestruction. Comme si nous étions tous manipulés par l'existence toute entière.

Malgré tous les probables comploteurs, je commence à voir le monde comme un tout, qui se défend, et peut-être nous manipule tous. Un monde qui a besoin de nous cacher la vérité pour subsister. Je sais pas. Je ne crois pas aux théories du complot telles qu'on nous les présente. Je ne crois pas que des hommes puissent être aussi machiavéliques pour mener de concert la Terre à sa perte, qui plus est avec une telle efficacité. Je crois surtout aux gens égoïstes. Aux gens qui ont peur. Aux gens orgueilleux. Et tout ça sur fond d’ignorance profonde. La méchanceté, le sadisme, c’est de la tristesse qui s’exprime sur fond d’ignorance. Au fond, on finit tous par avoir des enfants, ou des amis. On finit tous par aimer et être aimés. On désire tous ça. On est tous unis face à cette même saloperie qu’est la souffrance. Nous sommes tous unis face à la mort et l'angoisse solitaire qu'elle suscite en nous. Nous sommes tous la, entre nous, mais dans notre tête nos sommes seuls. Qu’on se tienne la main, qu’on se parle ou qu’on s’étreigne, nous sommes seuls. Nous vivons cette expérience séparés les uns des autres, chacun dans sa peau, chacun dans sa tête. Et la mort, la fin, nous y aurons tous droit, seuls. Chacun face à ses peurs.

Peut-être que les plus puissants d’entre nous tentent d’y échapper, de manière illusoire, en nous mettant dans la merde. Enfoncer les autres, c’est aussi une manière de s’élever. Peut-être est-ce la vie en général qui amène des gens à nous conduire ainsi à notre perte. Peut-être est ce un mécanisme d’auto-défense pour nous réduire au néant. On s’est aventuré trop loin, on a créé le déséquilibre, on a foutu la merde. On aurait pas du en savoir autant. On n’est plus adapté à ce monde, à cette vie. On veut plusse. On arrive à calculer notre sort, on pose trop de questions et on est sur le point de découvrir le pot au roses. A mesure que les réponses affluent ou manquent, notre sort se scelle. Nous devons disparaitre pour que l’existence tienne la route.

Les illuminatis et les comploteurs, s'ils existent, sont peut-être un processus « automatique » d'extinction de l’humanité. Un reboot par des robots. L’ironie du sort serait que les gens qui espèrent vaincre leur sort en contrôlant les humains, seraient en fait les plus manipulés d’entre nous. De toute façon on le saura bien assez tôt, la calotte glaciaire tiendra pas longtemps. Et puis s'il existe vraiment des gens assez machiavéliques pour nous amener volontairement la où on va, alors, c’est la merde. Alors ils auront sur le poids de leurs épaules toute la souffrance du monde, de tous ces siècles. Si vraiment des salopards dissimulent les énergies libres, spéculent et s’enrichissent sur les guerres, animent les trafics en tous genres, entretiennent la misère du monde et le voile opaque qui cache la vérité et les belles choses, alors, c’est la merde. Je peux pas croire à ces gens la, admettre leur existence, c’est renier tout espoir pour l’humanité. Ce serait admettre que tout ça se résume à une guerre du bien contre le mal, comme on veut nous le faire croire aujourd’hui pour chaque conflit. Mais je ne crois pas à ça. Car je sais que j'aurais pu naitre n'importe où. Je reconnais les moments de ma vie où un rien aurait pu me faire basculer. Un jour, j'ai failli tuer mon chien, par colère. Un autre jour, j'ai failli passer à côté de la femme de ma vie, par lâcheté. Je reconnais les évènements, les personnes, les objets, les circonstances qui ont fait de moi ce que je suis. Je reconnais les évènements, les choix, les idées qui auraient pu m'entrainer ailleurs et faire de moi une personne amère, triste, revancharde. Si je ne le suis pas, c'est avant tout parce que j'ai reçu de l'amour ? Parce que les expériences que j'ai traversé m'ont amené à réfléchir sur sa nature et à le préférer à tout autre sentiment ? Comment blâmer les hommes qui ne connaissent pas l'amour ? Ce serait appliquer une double peine. Je ne pense pas, de tout mon être, qu'une personne qui ne connait pas l'amour, le vrai, puisse se former sereinement.

Avez vous déjà connu une personne qui malgré tous vos mauvais actes, toute votre mauvaise conscience, agit envers et contre tout, dans votre intérêt, sans se soucier des siens ? Avez vous déjà été mis au premier plan ? Avez vous déjà été mis en confiance, dans l'assurance d'être quelqu'un de bien et de primordial ? Avez-vous déjà été ému par quelqu’un et par ses intentions à votre égard ?

Le jour ou j'ai décidé d'être quelqu'un de bien est le jour ou j'ai choisi de faire du mal à cette personne. Parfois pour faire le bien, il faut faire du mal. C'est la le seul mal que je reconnaisse. Le défaut d'amour.
Car comme je le disais, je ne crois pas au mal. Je ne crois pas à la méchanceté. Je ne crois qu’à la tristesse, la solitude et l'ignorance. Je ne crois qu’à la peur de mourir. Je ne crois qu’à la peur de souffrir et de se retrouver seul, tôt ou tard, face à l'inconnu. C’est cette même peur qui unit tous les être vivants. Et c’est la façon dont on l'appréhende qui nous distingue.

Nous sommes tous capables de nous émouvoir de la mort de je ne sais qui. Que ce soit un individu ou cent mille à la fois, c'est pareil. C'est la mort. Ca fera la une du journal plus ou moins longtemps, mais ça fera la une. On est tous généreux en compassion dès qu'il s'agit d'évoquer la mort de quelqu'un. Les gens retrouvent tout leur crédit quand ils meurent. Et on pleure. Mais qui pleure-t-on ? Pleure-t-on sur leur malheur ? Où le notre ? Est-on jaloux ? Putain ils l'ont fait ! Et nous on est encore la ! C'est ça ?

Tout ça se résume à une crise d’hystérie généralisée. On est hystérique à l'idée d'y passer. C'est dégueulasse. On sait pas quand ça va se produire. Si ça fera mal ou pas. On sait juste qu'on sera tout seul. Seul face à ses pensées, face à ses actes, face à ses souvenirs. Seul face à ce connard suprême qui nous a foutu dedans.
C'est dur putain c'est si dur. Est-ce que j'aurais pu mieux faire ? Suis-je libre d'avoir pu mieux faire ? Si je reconnais les évènements qui m'ont façonné, aurais je pu prendre d'autres chemins ? J'ai parfois l'impression que nous n'avons pas de choix à faire. Qu'est ce qu'un choix, si ce n'est l'expression de nos expériences personnelles et collectives, filtrées par nos perceptions propres. L'expression de notre individualité. Comme si chaque cellule de notre cervelle pouvait faire des choix à elle. Je nous vois comme ça. La somme de nos conscience, la somme de nos existences, je vois tout ça comme une conscience géante, un big cerveau en modèle holographique. Chacun d'entre nous aurait un accès au tout, alors que chacun d'entre nous en serait une partie. Je ne crois pas au choix libre. Pas ici. Pas dans un monde de cause à effet. Pas dans un monde de passé à futur. Je crois que nous sommes ici pour comprendre ces choix qui sont pris d'eux mêmes, exprimant le but qui nous guide. Intégrer les causes, comprendre les effets. Et façonner l'existence. Elle prend corps en nous, à travers nos esprits. Quand quelqu'un me dit et essaye de me convaincre qu'il a le libre arbitre, je vois un robot qui me dit "j'existe", "je suis moi". Certes nous avons parfois des comportements irrationnels, mais le sont ils vraiment ? Peut être à un niveau individuel. Mais au niveau collectif, tout a l'air de s'emboiter parfaitement. Comme si les effets que nous percevons comme des créations avaient en réalité des causes cachées et produites ailleurs, en dehors de toute connexion rationnelle. Vous savez, comme ces particules qui sont liées et qui peuvent réagir à distance, au mépris des lois de la physique.

Je vois le monde comme une relation global de cause à effet. Un but qui déroule son entropie, et se décompose en causes et effets. Un scénario qui passe dans une machine qui code tout ça langage début-fin, cause-effet. Nous en sommes les catalyseurs, les acteurs, avec nos débuts, et nos fins. En semi liberté. Une moitié de conscience, et une moitié d'automatisation. Une moitié pour nous mêmes et une moitié pour le projet global. Tout ne se résumerait qu'à un vaste océan de probabilité. Notre libre arbitre en serait dépendant. Nous sommes libres, dans la limite des probabilités acceptables, dans l'optique de la réalisation du but initial et final. Celui qui s'exprime à la fois comme début et comme fin. La raison.

La raison de notre existence ? La raison. Le but c'est la raison. La cause c'est le but. Nous sommes entrain de décider si ça vaut le coup ou pas. Si nous devons rejeter l'existence ou pas. Nous sommes entrain de naitre. La gestation terrestre va prendre fin.
Vous avez jamais remarqué qu'on confond toujours les causes et les buts ? Pourquoi ? A cause de... parce que... On répond toujours par des causes aux questions qui demandent des buts. On répond toujours par des causes aux questions qui demande des sens. Or qu'est ce qu'un sens qui ce n'est la désignation d'un point d'arrivée, un but à atteindre ? Nous sommes animés par un but invisible. Nous ne voyons que les causes. Mais la cause primordiale, elle, est aussi invisible, cachée derrière le mur de Plancke. Planckée dirons nous ?! Nous comprendrons et maitriserons notre existence quand nous en aurons compris le but. Le but qui en est la cause. Le sens de la vie, le sens du temps. Celui qu'on ne remonte pas. Nous ne pouvons le remonter car nous sommes "codés" en début fin. C'est un "one way ticket". Il faut le percevoir dans sa globalité. Percevoir le tracé du chemin parcouru.

Quant au libre arbitre, nous pouvons l'effleurer de temps à autre. Quand nous sommes à notre summum de conscience de nous même. C'est ça qui caractérise notre condition. Nous sommes conscients de nous mêmes. Notre spécificité humaine ne se révèle que lorsque nous sommes conscients d'être conscient. C'est uniquement à ce moment que nous sommes capables de grandes choses. C'est en éveillant nos consciences, en les élevant et en les entrainant, que nous arriverons à être de plus en plus maitres de nous mêmes. Je crois que c'est ça, le but. La conscience de l'être. Nous sommes entrain de décider si l'existence mérite d'être. La somme de nos consciences, la somme de nos émotions, la somme de nos peur. Tout ça en équation. Nous nourrissons l'existence, nous la nourrissons en concepts, en émotions, en sensations. Nous l'inventons chaque jour alors que nous pensons être son produit. Je pense donc je suis, je suis donc je pense. Et quand je pense au fait que je pense, et donc, que je suis, un cap est passé. Quand l'existence prend conscience d'elle même. Comme si nos ordinateurs se reveillaient et se mettaient à fonctionner d'eux même, en reconnaissant qui tappe au clavier et qui appuie sur power.

Notre vie est partagée. Notre organes fonctionnent d'eux mêmes, mais nous contrôlons nos membres. Nous savons viser, mais nous ne visons pas toujours juste. Nous ne maitrisons pas tous les aléas. Le hasard fait qu'une pièce retombe toujours, au bout de plusieurs lancers, à peu près à 50% sur chaque face. A peu près, car la perfection n'est pas parfaite. En elle doit résider une imperfection qui la sublime. Nous luttons pour prendre conscience à plus de 50%. Pour avoir ce contrôle. C'est ce qui exprime cette guerre contre Dieu. Nous voulons plus de pouvoir. Moins de hasard. Plus de justice. Moins d'aléas. Le bonheur que nous avons acquis, accumulé, les organes et objets que nous avons inventés et greffés à nos existences pour les parfaire, nous les voulons comme acquis. Nous avons valorisé l'existence, par nos esprits riches. Nous avons catalysé l'existence, à travers les arts, les disciplines, les sentiments. L'amour. Nous sommes capables de nous donner de façon inconditionnelle. Nous sommes arrivés au stade de l'existence ou un être peut sa vie à une autre personne. Lui donner tellement d'importance, qu'il est prêt à oublier le fait qu'il pense, donc qu'il est. C'est une connection qui reconnait l'existence de l'autre, et brise ce sentiment de solitude qui nous isole chacun dans nos têtes. C'est une connexion qui est comme une mutation de ce qui caractérise le sentiment d'existence. Une nouvelle version, qui se nourrit elle même. Nous existons entre nous, à travers l'amour que l'on s'échange. Alors, notre "créateur" pourrait se dire victime d'un cancer, ou bien trouver ça cool. J'en sais rien. Pour savoir, il faut qu'on trouve le but. La raison. Décider où tout cela nous mène. Car si dans la globalité, c'est lui qui décide, il ne faut pas oublier qu'il est la somme de nous. Et donc, c'est à nous de jouer. Chacun a son rôle à jouer. C'est la somme de nos actes qui façonne notre destin. On peut dire à chaque election que si on ne vote pas, ce n'est jamais qu'une voix de moins, et que ça ne changera rien. Reste que dans la globalité, c'est la somme de nos voix qui change le cours de tout ça. C'est ça, Dieu. Cette chose impalpable et incompréhensible qui s'échappe après le constat suivant : Une voix de moins ne changera jamais rien à la donne. Et pourtant, si. Dieu c'est ça. C'est la somme de nos décisions, prises collectivement de façon inconsciente. C'est la somme de nous, de tout ce qui est. Il est l'idée que nous sommes, nous sommes l'idée qu'il est. C'est une part de lui en tout cas. 50% je dirais. Il maitrise une partie de nous, et nous maitrisons collectivement une partie de lui. Nous luttons comme à pile ou face. La victoire se joue aux quelques pourcents qui penchent d'un côté ou de l'autre. Ce sont des pourcents qui sont régis par ce qui est probable, voulu, propice, désiré. Il va falloir méchament vouloir pour l'emporter.

S'il peut nous aider, s'il peut nous sauver, il ne le peut que par nous. C'est à nous de le faire, de proche en proche. C'est une lutte de tous les jours. Puis pour l'emporter nous devons plaire à son autre partie. Celle qui se nourrit de nous et emprisonne nos âmes. Celle qui ne réside absolument pas ici.