21.10.04

Love etc

Les hommes sont des cons. Ils ont tout l’amour du monde entre leur main et ne font que de se battre. Personne ne veut de la mort, de la guerre, mais les hommes s’efforcent et s’entêtent à se battre pour des morceaux de terre, prétexte de toute leur vanité et de tout l’amour qu’ils n’ont jamais eu. Aimez-vous les uns les autres et c’est tout. Faites l’amour, pas la guerre. Toutes ces phrases devenues bateau et clichées résument à elles seules ce qui ne va pas. Regardez les politiques jouer leurs petits chefs, les présentateurs du journal télé prendre un air grave, les journalistes s’extasier sur leur prose, les regardez philosopher sur des choses « graves », les regarder tous se branler, toujours et encore, sur l’homme et ses fantastiques batailles, politiques ou réelles, regardez les jouer aux hommes, aux petits chefs, au milieu de leur branlette intellectuelle organisée. Si intelllligents, si CONS.

A se branler sur du vide, sur des choses sans importance aucune, sur des trucs si futiles. Et nous on les craint, et se plie, on applaudit parfois. Pourquoi cette violence intellectuelle ? On est tous des terroristes, manipulés par des généraux, par toute une armée de cons, d’humains si cons, et si bêtes parfois. La chose la plus importante de nos vies devrait être celle qui nous fait le plus de bien. Celle à laquelle nous devrions nous consacrer à plein temps. Qu’est ce qui est plus important ? Le chiffre d’affaire du mois comparée à l’année -1, ou l’amour qu’on devrait porter à ses enfants, à sa femme, à soi-même aussi, à tout le monde, à notre chien, notre chat, nos poissons rouges, notre habitat et tout ce qui l’entoure, ce qui l’éclaire, le réchauffe, le fait vivre.
Evidemment, vous allez me dire que le C.A de N comparé à N-1 conditionne le reste, et vous fait vivre. Ne pensez vous pas que ce devrait être l’inverse ? Que le fait d’aimer et d’être aimé devrait vous faire vivre ?

Aujourd’hui on en est réduit à travailler pour acheter de l’amour. Impressionner votre future conquête à coups de billets de banque, gâter vos enfants à base de la dernière console de jeux videos, offrir une belle bague à votre epouse pour la consoler d’être seule le soir, tous les soirs, même en votre présence.
Aujourd’hui tout se monnaye, et la monnaie se gagne en étant mauvais, traitre, menteur, déloyal. L’amour on le gagne par des souffrances infligées aux autres. Notre tranquilité occidentale du week-end auprès de notre douce, on la gagne en semaine en mettant à sac le tiers monde.

Comment voulez-vous déguster ça ? L’amour c’est un truc à plein temps, qui ne se calcule pas, ne s’achète pas. Car vous serez toujours déçu par votre amour quand ils vous a couté toute votre vie de travail. Car vous en voudrez toujours plus pour toutes ces heures de boulots effectuées. Et ne serez jamais contentés. Car ce qui a le plus de valeur au monde est gratuit. L’amour ne s’achète pas.

Et ces gens de prendre des prétextes, histoire de s’évader, de penser à autre chose, de justifier ce manque d’efficacité dans l’art de l’amour, et donc de partir en guerre, de philosopher, de filmer, d’écrire, de jouer à la politique, de se sentir important de parler de choses censées être importantes, alors que ce sont des prétextes vides, et faux. Ils sont impuissants, et le font oublier en faisant leurs guerres. Ils sont impuissants, et exorcisent ces douleurs en construisant des buildings toujours plus hauts et imposants.

Mais à la base, ils sont impuissants car ils ne savent pas aimer et être aimés, car ils ont la trouille de louper ce qu’ils ont payer si cher, car ils ont la trouille de passer autant de temps pour se payer ça, car au fond ils aimeraient avoir le temps de se pencher sur le problème, le temps de profiter de l’amour, mais ça ils ne le savent pas. Car ils sont rongés de soucis, de stress, provoqués par cette quête de l’amour. Car au fond d’eux, ils savent que tout ce qu’ils créent est faux, que tout ce qu’ils ont fait a été vain. Que si c’était à refaire, ils auraient fait autrement, n’auraient pas tout sacrifié pour leur réussite professionnelle. Mais c’était impossible… sans diplôme, pas de travail, sans travail, pas d’argent, sans argent, pas de voiture, pas de nourriture, pas de maison, pas d’amour, pas de vie. Aujourd'hui on privililégie réussite professionelle et performance. Gain personnel et non don de soi. Ce sont des choses complètement opposées et que nous confondons pourtant. Car nous sommes persuadés que notre réussite nous apportera l'amour.
Voila le problème. Alors il faut changer ça.

Pourquoi pas de vie sans amour ? parce que c’est encore la seule chose qui nous fait penser que la vie est belle, c’est cliché mais c’est pourtant la seule réponse à la fameuse question : pourquoi la vie mérite-t-elle d’être vécue, pourquoi la vie mérite t elle d’être sauvée ?
Nous vivons tous inconsciemment pour ça. C'est ce qui nous unit. Mais dans notre société, nombreux sont les bâtons qui frappent nos roues. Notre société n’est pas faite pour aimer, et en aucun cas optimisée pour l’amour. Je ne dis pas que c’est la seule chose qui compte, mais c’est certainement la seule chose susceptible de rassembler positivement les habitants de cette planète. En optimisant pas cette quête, nous risquons l’insatisfaction, la déchéance, et le détournement vers des problèmes prétextes.

Aujourd'hui on apprend pas aux gens à s'aimer. Je connais personne qui se bat pour trouver son amour. Non, en général, on prend ce qu'il y a. Ce qui se présente. Car ça nous fait mal à la gueule de prendre son destin en main. La plupart des gens se choisissent des clones de leur mère qu'ils trompent dès qu'ils peuvent plus les voir en peinture. Mais officiellement, tout va bien. Ca finira en divorce mais on ne sait plus pourquoi. On se choisit des gens de son milieu, qui nous ressemblent le plus possible. C'est pas de l'inceste mais c'est tout comme. On a tellement peur des autres ici. Tellement peur de ce qui pourrait pourtant nous complèter et nous apporter ce qui nous manque tant.

D'autres se font choisir leur femme, à qui l'on impose tout. On lui impose même de se cacher parfois, et on dira même que c'est dieu qui a voulu ça. Et pendant ce temps, on s'éclate, et au moindre bout de peau qui dépasse on la traite de salope.
D'autres décident sous le masque de la vertu qu'il faut pas coucher avant le mariage. Ou bien même, affirment que le célibat et l'amour d'un icone est la voie de la sagesse. Comme si l'avarice était la voie de la générosité.
Non, tout est organisé pour qu'on ne puisse pas choisir. Car choisir, c'est s'exprimer. Et s'exprimer, en amour, c'est le risque de se prendre une veste. C'est le risque de voir étalé au grand jour la petitesse de son sexe, la nullité de son esprit. Et le risque de la voir partir pour un autre.
Aujourd'hui peu de gens savent s'aimer. Se trouver, se quitter, se remettre en question. Tolérer, échanger, apprendre et faire apprendre. Se donner.

L'amour. C'est la seule chose qui fait qu'on est encore toléré par l'existence et on ne se penche toujours pas dessus. On a les boules. Surtout les hommes. Et comme ça nous fait chier de l'admettre, on va faire mumuse, se défouler sur une vie professionelle. Faire des ptites gueguerres. Essayer d'étriper cette chose impalpable qui nous torture en l'incarnant chez un ennemi ordinaire. Le premier qui passe. Combler le vide qui nous aspire en cherchant à accumuler le plus de biens. Je n'ai pas l'amour mais j'ai 3 ferrari et une belle louloute qu'en pensez vous ? Je l'aime, la preuve je lui ai payé ses nouveaux seins ?!
C'est notre société capitaliste. Accumuler, accumuler, toujours plus. Mais l'amour c'est quelque chose d'infini, d'énorme, qui n'a pas de valeur. Trouver l'amour c'est justifier son existence, c'est ne plus avoir peur de rien. Aucun bien, aucune réussite professionelle, rien ne pourra combler le vide si gourmand qu'on s'efforce de remplir avec tout ce qu'on trouve.

Et puis on continuera de se persuader que l'amour rime avec soleil, bikinis, belles gonzesses et voitures décapotables. Le moindre sitcom ou télé réalité vous en convaint. Ca se trouve comme ça. Comme un claquement de doigt. On dit je t'aime en deux secondes et c'est le pied wouah. Et pour vous en persuader on vous appate avec des gourmandises, le sexe. Oui, le sexe, nous en avons tellement besoin. On nous le décline à toutes les sauces. Le moindre reportage, le moindre magazine, qu'il traite de voiture, de bouffe, ou de voyage, fera tout son possible pour vous montrer un bout de téton. Le moindre magazine de 7 à 77 ans trouvera n'importe quel prétexte pour placarder le mot SEXE à la une 12 mois par an. Nous sommes drogués au sexe. Il est notre substitut à l'amour que nous ne trouvons pas. Nous ne le trouvons pas car notre société a besoin de le planquer, de le violer, de le trahir, pour fonctionner.

Les hommes ont pris pour habitude de culpabiliser les femmes, et de justifier ainsi la domination qu'ils leur imposent. Nous les rendons coupables du péché originel. Elles nous auraient apporté la connaissance. Notre nouvelle condition que nous craignons tant. Je me dis que cette condition est nécessaire à la compréhension de l'amour, à son juste accomplissement. Et que le fait de culpabiliser les femmes revient à rejeter l'amour. On préfèrerait être des tocards célibataires plutôt que des apprentis amoureux qui se prennent la tête. Je préfère me dire que l'homme a pris le risque de connaitre cette condition pour pouvoir gouter à l'amour et aux femmes.

Aujourd'hui, on ne sait pas aimer. L'amour, le don de soi. On ne sait pas se donner, car il n'y a rien à donner. On ne sait plus vivre par soi mêmes, on vit pour les autres, on se font dans la masse. On apprend à "aimer" ce qui nous ressemble, à cultiver ce qui parait au détriment de ce qui est. On apprend à aimer notre société uniforme et égoïste. C'est de l'anti-amour qui nous mène à notre perte.
Voila pourquoi on est tous si tristes, si cons. On est mal aimés, insatisfaits, frustrés, on est des impuissants, on est plus ou moins 70 années de vide, de rien, de faux, un simple nombre ayant toujours aspiré à figurer dans une équation qui ne sera donc jamais résolue.