18.6.03

Human Way Of Life

Tout à l’heure je suis allé dans une boutique de créateurs. Ce genre de boutique se multiplie dans mon quartier. On y trouve des choses sympathiques, typiques ou franchement inutiles, mais toujours hors de prix. Des polaroids étaient à vendre. Des photos. Un mec avait pris en photo une télévision qui retransmettait les guignols de l’info. Rien d’autre. Photo classique, un pola qui lui a pris 2 secondes de son temps. Il a pris la photo, a marqué son nom : 45 euros. 300 francs. Un tout petit pola de rien du tout. Une photo floue qui ne veut rien dire. Mais c’est un créateur. Il crée, il est bon, il a du talent, il a un nom, il est IL, alors il faut aimer. Pour le prix de deux ou trois de ses œuvres, on peut avoir l’appareil, et plusieurs dizaines de photos bien plus expressives. Ca a fini de me foutre en l’air. Je suis rentré, furieux, dépité, par ce voisinage faussement convivial, en proie à l’illusion de la convivialité, de la différence, de la création, de l’expression et de la tolérance, mais en réalité régi par le business, le mensonge et la médiocrité.

On croit aimer, on croit tolérer, on croit protester, on croit exister, on croit se faire entendre, on croit être libre. Mais on ne sait rien. L’esprit le sait. Et il se meurt. Il finit par vous trainer chez le psy, en analyse, ou à l’hopital. Il vous ronge en cancer, il tue votre fils en voiture, passe par le sang ou le sperme. Ce voile de bonne conscience cache la mauvaise conscience générale. Toute la tristesse du monde.

Hier soir, j’ai maté le dernier James Bond. Ca m’a fait vraiment chier. Quand j’étais petit, j’étais fan. J’adorais Sean Connery et Georges Lazenby. Je ne sortais jamais sans mon permis de tuer dans mon mini porte-monnaie. Mais là, James Bond est devenu une espèce de Rambo débile, alcoolique et beauf. Il est con comme ses pieds et traite les femmes comme des bouts de viande. La classe a disparu. Maintenant il se sauve grâce à des gadgets toujours plus improbables. Son salut cesse d’exister. Il s’en remet aux miracles, mais les miracles n’existent pas. Dans le dernier James Bond, les coréens sont les méchants. Des méchants vraiment très cons. J’imagine comment ils ont du accueillir le film. C’est vraiment dégueulasse. James Bond, dans ce film, dit servir « l’amour universel ». On vous le dit, alors vous le croyez. Mais ce type là est plus abjecte que tout. Il tue, se venge, boit, baise, s’amuse avec ses gadgets. Mais il sauve le monde. Alors on est content. On utilise des images dignes de la propagande la plus nulle mais on s’en fout. D’ailleurs, on est conditionné à croire que le mot propagande ne s’applique qu’aux méchants : les nazis, les islamistes, les cocos. De même qu’on jure par tous les saints que notre monde libre est libre. Que nous sommes justes. Que nous sommes l’axe du bien, et qu’il y a un axe du mal. On est en démocratie, libres, et, en tant que membres du peuple, on a le pouvoir. Ah oui ça on en est persuadé, merde. Si loin, si proche.
Alors James va nous sauver. Mais en vrai, les gadgets, les voitures invisibles, les hélicoptères qui décollent d’un avion à réaction, les agents secrets cinquantenaires qui font du surf ou de l’escrime mieux que n’importe quel champion olympique, ça n’existe pas.
Bref, ce film qui se résumait à des scènes d’actions débiles enchainées les unes après les autres de façon grotesque, a fini par me saouler. Je suis pas contre les films d’action, loin de la. Ni les films débiles d’ailleurs. Il faut de tout. Mais par pitié, pas en se prenant à ce point là au sérieux… pas au nom de l’amour universel, merde.

Voila comment on nourrit ceux qui sont en manque. Voila comment on nourrit les illusions, voila comment on nourrit ceux qui sont insérés, presque irrécupérables. On leur ingurgite du cul, de l’alcool, des explosions, au nom de l’amour universel. Et on ne va pas plus loin. Dans le même temps, on fait passer quelques messages personnels, du style « Corée = méchant ». Et puis on éteint son lecteur dvd, on est content, on a passé une bonne soirée, ce film était vraiment kiffant et les effets spéciaux démentiels. On se dit que James Bond est sévèrement burné, mais comme tout le monde, et en particulier les plus intellos de nos amis, on finira par se dire nostalgique de Sean Connery. Mais on ira pas plus loin, d’ailleurs on dit ça pour faire semblant d’être intelligent, pour être à la mode, en phase avec les autres, car le bonne pensée générale admet que Sean Connery soit considéré comme le James Bond original, le vrai, bien que ses films soient les plus chiants, et les plus nuls niveau effets spéciaux, d’ailleurs on arrive jamais à les voir jusqu’à la fin, y'a pas assez d’action et on voit pas assez de nichons. Enfin bref.
Voila comment on nourrit les gens en leur donnant leurs calmants, leur raison de leur mode de vie, et leur semblant d’intelligence, d’intégrité, et de libre arbitre.
Dans cette société, on ne vit pas. On vit à votre place. On vous fait vivre. C’est le Human Way Of Life.

17.5.03

Temet Nosce

Hier j’ai regardé une émission qui fabrique des stars. Ils chantent très bien, certes. Mais ils apportent quoi ? Ils n’ont pas d’identité propre, bien que la forme soit très belle, hyper chiadée. Y'a pas de fond. Comme si le plus talentueux des réalisateurs faisait un remake plan pour plan.
Des ados chanceux, deviennent stars en quelques jours, après élimination d'une tripotée d'autres concurrents. Car évidemment, ils peuvent pas tous avoir cette chance, non, il n'en faut qu'un seul, c'est la règle de notre société. Cantonner le rêve, aux rêves. Quelques élus, pour beaucoup de malheureux. Mais votez surtout. Cette impression d'emprise sur les évènements, de choix, est le dernier cadenas qui nous enferme. Comme si ces jeunes méritaient leur sort plus que d'autres. Comme si cette façon de procéder, par des votes payant à outrance et par l'élimination publique et humiliante de tous les autres, était la plus juste possible.

C’est pas compliqué d’être une star, parfois ça s’achète ou se commande. Mais pour être un artiste, il ne faut pas quelques jours. Il faut parfois une vie entière pour savoir mettre en forme un fond. Il faut avoir pu le toucher au moins une fois.
Ils font du chant. Tout le monde peut chanter. Et d’ailleurs, il y en a énormément qui savent bien chanter. C’est pas si difficile. Le plus dur, c’est d’écrire, c’est de jouer en live, de chanter, de hurler, à en faire exulter une foule, et surtout jusqu’à les faire réfléchir.

Alors quel interêt à tout ça ? On vous voit à la télé. On a une importance. Parce que dans ce monde, plus on est vu, plus on est important. Car c’est le regard, le jugement des autres, qui fait tout. Ici, on ne vit que grâce aux autres, car on vit en groupe, on fait tous partie du même corps. On croit atteindre le graal quand on est une star, car on sort de cette masse informe, on sort du cul et on rejoint la tête. Et pourtant, c'est l'inverse qui se produit. En adoptant ce schéma et ces objectifs imposés par la société, nous rejoignons une masse informe, aux couleurs si attrayantes. Nous fuyons notre individu profond et la connaissance de nous-mêmes. Nous rejoignons l'individu-type défini par les critères de concurrence et d'abrutissement nécessaire à notre classe dirigeante. Et fuyant nous-mêmes, nous fuyons la vérité. Connais toi toi-même et tu connaitras l'univers et les dieux. Rejoins le moule et tu resteras un ignorant potentiellement dépressif. Mais tu auras alors peut-être la sacro-sainte chance de devenir un VIP.

Un VIP. Une personne trés importante. Le but ultime, la fovéa de notre société. The place to be. On rejoint le but suprême et inavoué de notre monde : gagner de l’argent en foutant rien, ou si peu. Cette société qui loue le travail, qui nous rend libre et heureux, lie la plupart pour le salut de quelques-uns, dont on projette les aventures, telle une carotte sous notre museau. Oh oui, on loue le travail, l'effort, mais on idolatre des peigne culs qui se prélassent. Pourtant ils sont nos guides. Ils sont les références, les précurseurs. On se fait tous chier jour après jour dans l'idée qu'on pourra gratter le ticket gagnant, par hasard, relation, casting ou concession, et rejoindre ce club de luxe.
Des gens beaux, bronzés, musclés, à la voix parfaite, bien habillés, riches. Même les moches deviennent beau en devenant star. Mes les fringues ringardes deviennent au top lorsqu'elles sont portées par des stars.

Tout ce petit jeu constitue notre essence, ce qui nous motorise à accepter ce mode de vie absurde. On est conditionné à croire que c’est la vie parfaite, le but ultime de toute existence : être bronzé, belle gueule, et riche. Un rêve paradoxal de gloire facile qui nous fait accepter une vie éprouvante de labeur. Des fourmis qui idolatrent quelques cigales.
Parfois il suffit d’une apparition télé, quand bien même un type était inconnu avant, pour que les jeunes cons s’arrachent ses disques. On prend ce qu’on nous donne. On écoute ce qui passe. On ne cherche pas ailleurs, d’ailleurs on ignore qu’il y a autre chose. On marginalise les « originaux », les « bizarres », les « démodés ».

Souvent les VIP s'entraident, se coproduisent, s'invitent et se propulsent. Les stars finissent par rester entre stars, et rejettent la médiocrité d'en bas, tout en leur envoyant plein de bisous. De si loin. Depuis peu ils nous engueulent de les critiquer et même parfois de les voler quand on a le culot de savoir se servir des nouvelles technologies. Mais peu importe, ils sont la bonne parole, car c'est les seuls qui l'ont, la parole. On a plus vraiment le choix. On a été élevé à la télé, c'est un réflexe comme manger ou boire, alors si la qualité baisse, on arrêtte pas. On regardera de la merde. En se plaignant, si peu. Car notre cerveau et notre esprit critique fond à vue d'oeil. Et puis nous n'avons plus besoin d'esprit critique, car on nous le fournit aussi. On nous conditionne à adorer des êtres parfaits et aussi d’autres qui ont une dose de politiquement incorrect, comme pour mieux masquer l’illusion, et faire croire que le mouvement contestataire existe encore. Ainsi le Che s'exhibe en série sur des tshirts griffés. Tous les icones à l'opposé de ce système, sont maintenant des faire valoir qui endorment notre vigilance en satisfaisant nos aspirations profondes de changement.

Les stars guident notre façon de penser, et notre façon de nous habiller. Quand on voit toutes les petites minettes qui s’habillent comme leurs idoles. A 10 ans elles se maquillent, mettent des strings. Toutes les gamines effacent leur enfance. Non, maintenant, même cette période de liberté et d’innocence doit disparaître. Il ne doit rien rester, pas une once d’humanité. Bientôt, des 5 ans, tout le monde sera conditionné à s'intégrer à ce mode de vie, des parfaits robots sans cervelles, des machines à consommer, des machines à se montrer plus beaux que les autres. On est tous des lièvres pour les autres. Et les chiens sont derrière. Ils gagnent du terrain.
Aujourd'hui, on ne distingue plus les filles de 20 ou de 13 ans. Elles s’habillent pareil, elles font pareil. Et l’enfance, l’imaginaire, tout ça, disparaît. Et a 20 ans, elles sont de parfaites petites vieilles. Regardez Britney machin, elle parle comme une vieille, rit comme une vieille, est tirée de partout. Le processus s’accélère au fur et à mesure on dirait.
Et l’enfance, ce monde merveilleux, de disparaître, d’être marginalisé par des petites connes pré-pubères. Et à 30 ans, ils se retrouveront tous à chanter les chansons des dessins animés d’antan, nostalgiques et déçus par la vie adulte. Mais c’est pas grave, puisque c’est "cool" d’être un vieux con nostalgique à 30 ans.

29.4.03

Prise d'otage

Je viens de voir qu’il existe une « american traitor list », composés de gens contre la guerre en Irak. 'Sont vraiment cons la bas quand même. On en est arrivé à un tel point d’intolérance. Je sais pas moi, ces types la ne disent qu’un truc : faites l’amour pas la guerre. Et les autres de vouloir les fusiller, de les lapider sur place public si ils le pouvaient. Les américains sont parfois les maitres de la pensée unique, les soi disant anti-nazis qui deviennent nazis sans s’en rendre compte. Des types qui se font endoctriner par les "Dieu sauve l’Amérique" de leur président à chaque discours. Ca fout les boules que la première puissance mondiale soit un régime non laïque, qui prend Dieu à chacune de ses actions. Ca prend l'allure de croisades et permet d'obtenir le soutient des masses. Car s'ils se foutent des raisons politiques, la religion, ça leur parle. On déconne pas avec ça.

La religion, c’est quoi d'ailleurs ? Au départ une instruction, détournée en une explication, une excuse salvatrice nous ôtant toute responsabilité sur nos actes et nos décisions. Un rejet de responsabilités, un « joker » face à l’incapacité de faire marcher sa petite tête et réfléchir au pourquoi du comment. Une mascarade, qui sous ses airs de grande prise de responsabilités vis-à-vis du paradis et de l’enfer, du bien agir ou mal agir, est en fait un mensonge, qui se révèle être un prétexte de libre agir pour les uns, et surtout de contrôle pour les autres. Disons que les gens qui y croient très fort sont soumis envers ceux qui contrôlent la religion, qui cela dit en passant s'enrichissent à mort. Ceux-la ont minutieusement étouffé le véritable sens de ces dogmes, à leur profit. Je doute que si Jésus était parmi nous il cautionne la richesse du vatican, le clergé, l'inquisition, le pape, et tous ces rites dignes des sectes les plus stupides et les plus éloignées de la vérité. Je pense plutôt qu'il botterait le cul du pape, avant de se casser aussi vite qu'il serait arrivé, dégouté en constatant les saloperies commises en son nom. Lui qui a voulu innocenter les hommes, leur donner une chance de faire le bien en prenant leur destin en main. Une poignée de trouillards a détourné son enseignement pour leur dire le contraire : les culpabiliser, leur faire peur, les soumettre à la fatalité. Toute résistance est futile. Et gare à ceux qui essayent de s'évader dans les rêves ou les plaisirs. Même le suicide est interdit. Toute vie est à eux. Même ce qui n'est pas né. Et gare à ceux qui essayent de trouver l'amour. Ben non quoi, faut pas déconner ils pourraient trouver la vérité qu'on a eu tant de mal à cacher ! Restez tous des chiens-chiens qui font crac-crac pour se reproduire (et c'est tout hein, sinon !), et qui se lavent sagement le cerveau tous les dimanches avant la quête.

Il y a ceux qui obéissent à la lettre, et puis les autres, majoritaires, qui se laissent guider volontiers par ces chefs "spirituels", ceux qui pratiquent sans trop y croire, ou qui croient sans trop pratiquer. C'est un moyen d'avoir la conscience tranquille et de continuer à foutre le bordel sans trop se soucier de ce qui va arriver. C'est de la lacheté non assumée, baignée dans de la paresse profonde, étouffée par l'énormité du voile géant que la religion plaque sur le monde. On préfère se dire que ces gens la pensent à notre place, ils doivent avoir raison, alors on peut vaquer à d'autres occupations. Ils Sous-louent leur matière grise en échange de tranquilité.
En gros, ils se disent : je ne peux pas agir mal, j’ai trop peur de l’enfer. Tout en sachant que l’enfer n’existe pas et qu’on peut faire toutes les conneries de la terre. En plus on a inventé pour eux une sorte de rachat, du style 10 coups de fouets, 10 je vous salue marie; du style célibat, du style pas d’alcool, du style je ne sais quoi pour se donner bonne conscience, et pour se dire que ça doit exister puisqu’on se fait chier à se flageller pour ça.Je sais pas moi, vous êtes grands, intelligents. On vous apprend la chimie, la physique, l’histoire, l’évolution, Darwin et compagnie. Et pourtant, il y en a qui, malgré leurs bonnes notes en histoire ou en sciences, croient dur comme fer, au premier degré, à Adam et Eve, au paradis par delà les nuages, aux premiers jours de la création, à l’enfer, à jésus qui marche sur l’eau en paréo, etc… ils croient dur comme fer à la forme de toute cette histoire invraisemblable à tous nos sens. TOC TOC, ya quelqu’un la dedans ?

Comme si tout le monde avait peur de quelque chose, peur de la vérité. Comme si celle-ci faisait trop mal, faisait trop peur. La peur d’être nos propres maitres. La peur d’avoir autant de valeur qu’une puce ou qu’un clébard. La peur d’être juste un assemblage de tissus et d’organes. La peur d’être une infime cellule composant le corps de la nature ou de l’univers. La peur de n’avoir absolument rien pour justifier nos actes. Ni religion, ni purgatoire, ni rien. Juste le bien, et le mal. Le bien entraine le bien, le mal entraine le mal. Voila. C’est aussi simple que ça. Pas besoin de se flageller, pas besoin de réciter la bible, l’équation est autrement plus simple. Amour, et c’est tout. Personne, personne n’a les couilles de prendre la responsabilité du bien et du mal. On veut juste vivre, procréer, regarder la télé, mais grand dieu, ne pas s’occuper du reste. On ne veut pas penser, réfléchir. Après tout, nous sommes insignifiants sur cette terre, et dans l’univers, alors je ne vois pas pourquoi j’aurais la carrure d’un maitre, d’un dieu. C’est ça qu’on se dit tous inconsciemment. Nos sens déduisent qu’on est tous petits, alors que notre raison nous crie qu’on est très forts. Alors on écrit et on crie qu’on est l’œuvre ultime de dieu, notre maitre, notre responsable, notre prétexte ultime du style « je fais la guerre en ton nom ». On crie haut et fort tout ça, qu’on est la perfection, seule raison d’être de l’univers, et on s’amuse, on joue à la guerre, on détruit toutes ces espèces inutiles et destinées à nous divertir, on s’aime, on se déteste, et on attend le jugement dernier, dernière fiesta avant de tous rentrer au paradis. On souhaite tous ça très très fort. On attend que papa dieu vienne nous chercher après la fête. Une fête assez flippante, certes, mais après tout on se sera bien amusé, on aime bien se faire peur.

Et non. En fait, papa ne viendra pas. Ya pas de papa. Ni de maman. En fait, on est le préféré de personne. Par contre, on a des milliers de frères, et on les massacre depuis tout ce temps. Et cet endroit-là, c’est notre maison, notre seule et unique maison. Et c’est pas une fête d’ailleurs, c’est juste la vie de tous les jours. Il n’y aura pas de retour à la maison, avec une femme de ménage pour nettoyer vos conneries. Non, on est ici chez nous, et il n’y a pas de femme de ménage. On doit prendre nos responsabilités. Et nous, tels des gamins, de chialer. Ouiiiiinnnn. Mais je sais pas faire la vaisselle moi. Comment on va faire bon dieu ! Tout le monde le perçoit cette situation depuis longtemps, en espérant que quelque chose arrange le coup. On s’est dit, on va foutre le bordel, de toute façon papa passera derrière pour nettoyer, tout en pensant de plus en plus que papa n’existe pas. Je crois que pas mal d’entre nous préfèrent le suicide collectif, plutôt que l’acceptation de notre nullité, de notre insignifiance, de la véritable taille de nos sexes, quelques micros centimètres comparés à l’immensité de l’univers. Nous ne sommes rien, une crotte intergalactique, une moitié de pellicule sur toute la chevelure de l’univers. Et on se sent tout petit. Chui tout p’tit chui d’la merde. Et on crie à l’aide, on appelle une maman qui n’existe pas. Non, non, le paradis n’existe pas. Nous sommes ici, et nous y resterons à tout jamais. A nous d’en faire un paradis.

On a tellement peur. Des petites merdes, mais qui, pourtant, ont la connaissance du bien et du mal. On voit nos bras tout petits, minuscules, et pourtant on a compris comment battre le record du monde du lancer du javelot. On se sent moches, aigris, terrifiés à l’idée de ce qui nous est confié. On ne se sent pas prêt, pas assez fort pour prendre la responsabilité du bien et du mal. On se regarde tous les matins dans la glace, habillés comme des pingouins, et on arrive pas à admettre qu’ici, c’est nous, dieu. On est trop moche, trop petit. Et on a tellement peur de cette responsabilité. On préfère s’amuser, se tirer dessus et baiser comme des lapins, insouciants, en pensant que quelqu’un rachètera nos fautes, ou bien que ce n’est qu’un rêve, qu’un passage avant le paradis, ou la mort, le vide, le rien où on pourra dormir en paix sans remords. Suffit d’avoir déjà embrassé une fille, caressé un chien, senti une fleur, ou même écouté de la bonne musique, pour savoir prendre cette responsabilité. Vous jouez aux forts, aux maitres de l’univers, et pourtant vous fuyez tout ce qui ferait de vous des maitres. Au contraire, vous embrassez tout ce qui fait de vous des faux culs, des connards, des putains d’enculés ignobles qui bruleraient en enfer si celui-ci existait.

Je pense qu’on est si intimement persuadé que nous sommes des connards, au fond de nous, qu’on se construit notre enfer. L’enfer, un lieu ou la température est insoutenable, un lieu où les gens sont brulés vifs. Un lieu à l’ambiance proche d’une centaine de bombes atomiques rasant la planète à quelques milliers ou millions de degrés Celsius. Comment même pouvez-vous accepter ça ? j’ai beau me le répéter, je suis toujours sur le cul de constater que quelques connards ont pouvoir de vie et de mort sur nous tous. Mais, Dieu, c’est eux ! ou plutôt Satan. Les seuls types capables de raser une ville ou un pays en quelques secondes. Si Bush était vraiment croyant, il éliminerait ses armes nucléaires sur le champ, et irait faire un câlin à Ben Laden. Il irait aussi mettre à sac le Vatican et proclamerait tout médicament gratuit. Il établirait une liste d’aliments gratuits, qu’il produirait et expédierait en masse à tous les affamés, en prenant les 80 milliards de dollars du budget de l’armée américaine.
Vous rendez vous compte de la stupidité de l’arme nucléaire ? Vous rendez vous compte que Boris Eltsine, un sombre alcoolique complètement gaga, s’est surement amusé plusieurs fois à se frotter le derrière contre le bouton rouge en sirotant sa vodka ? Imaginez-vous tout simplement que cet alcoolique notoire avait pouvoir de vie et de mort sur nous tous ?

L’arme atomique est une aberration qu’on accepte tous. C’est du domaine de l’acceptable, du normal maintenant. Alors que même le nombre de bombes dont disposent chaque pays est intolérable. 1 c’est déjà trop. Mais plusieurs milliers, de quoi faire tout péter je sais pas combien de fois, c’est absurde. C’est la course bête et méchante. Moi j’en ai plus que toi, na ! On est arrivé à la fin du premier tour de cercle. On arrive à l’arme suprême, l’escalade n’est plus possible. Alors il faut avoir le plus possible d’armes suprêmes pour être plus fort, quand bien même cette arme est inutilisable, puisqu’elle se retourne automatiquement contre nous. On a bouclé la boucle. L’arme suprême est inutilisable. Moins efficace qu’un lance-pierre, si l’on considère que l’efficacité dans une guerre et de faire bobo à votre adversaire, en restant, vous, indemne. Maintenant le seul type d’embrouille qu’on peut avoir, c’est plus : "arrête, sinon je t’attaque", ce serait plutôt "arrête sinon je nous fais tous péter". Comme n’importe quel preneur d’otage allumé. On est pris en otage, c’est bien le mot, et par des allumés qui se disent être nos représentants. Et ya personne pour nous sauver, pas de GIGN ou je ne sais quel miracle.

Alors nous tous allons griller… je vais griller… pour quel crime ? Celui de me réveiller chaque matin auprès de ma douce, de l’aimer, d’admirer ses faits et gestes autant que chaque partie de son corps. Le crime de m’émerveiller des petits riens de la nature et de la vie de tous les jours. Le crime d'aimer la musique, d’aimer le soleil, la mer, mes amis. Le crime de n’avoir véritablement jamais commis de crime. Coupable de je ne sais quoi, victime de je ne sais que trop bien.

28.4.03

Schyzophrénic school

Je rêve d’un monde ou les affiches de publicité, les slogans, refléteraient la stricte vérité. Un monde sans tromperie, un monde sans langue de bois, un monde ou personne ne tricherait pour avoir du "mérite". Mais ça, nous l’acceptons chaque jour. On voit "l’ADSL 20 mega à 9€", on est attiré, mais dans notre tête, nous savons très bien que les petites lignes en dessous infirmeront ces informations et dévoileront une affaire qui n’est bonne que pour celui qui l’émet. Car dans ce monde, il n’y a pas de bonne affaire, il n’y a pas de cadeau. Il n’y a que tromperie, arnaque et joute de faux semblants. Tout est tour de passe-passe, et nous adorons ce spectacle. On y croit à chaque fois. Nous avons une vie intérieure en brut, et une vie concrète en net. On est habitué à ça, à cette dissociation schizophrénique. Tête en l’air et pieds sur terre. On ne se croit pas capable de générosité, de bonne volonté, quand bien même nous nous projetons des films qui nous font rêver du contraire, à nous en émouvoir aux larmes. Quand bien mêmes nous nous passionnons d’écrivains, de dogmes, de chansons qui nous prouvent le contraire.

Nous avons transposé la réalité de nos actes, en petites lignes invisibles en dessous des mensonges publicitaires. Nos convictions, nos aspirations, nos quêtes sont devenues des petites lignes invisibles. Nous sommes devenus des petites lignes invisibles, tandis qu'une masse impersonnelle mais séduisante se montre à notre place. On croit le savoir, mais nous l'oublions. Car nous n'intégrons plus que les grandes polices, les couleurs vives, et les slogans tape à l'oeil. Nous ne savons plus lire les petites lignes. Nous sommes devenus des machines à avaler la soupe que l'on nous sert. Elle nous est indigeste, mais nous avons perdu le menu.

Ainsi nous voyons depuis toujours les hommes politiques déjouer toutes les questions intéressantes, en maniant la langue de bois, le faux-cul-isme, à la perfection. Ils ne répondent jamais, mais nous sommes contents, comme d’habitude. La langue de bois, le mensonge, est devenu une olympiade de tous les jours, dont nous nous délectons. Nous sommes accrocs, nous n’imaginons pas d’autres manière de faire. Nous sommes convaincus que nous sommes dans le meilleur des mondes, le monde libre. D’ailleurs nous appelons ça démocratie, ces gens qui nous mentent encore et toujours, nous les choisissons librement, oh oui, si librement.

Un monde où tout est illusion. Un monde où le député qui veut se faire élire, prend son courage à deux mains le jour où son élection est incertaine, descend dans la rue, se force à sourire chaleureusement, et peste dans sa tête d’être obligé de serrer des mains à tous ces cons, mais après tout, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Un monde où la proximité et la franchise sont des mauvais moments à passer. Un monde de faux derche, un monde qui, si on en gratte la première couche, est une décharge à ciel ouvert. Un carnage, une torture morale, qui pousse parents et enfants à se shooter aux médocs, à se suicider, à se droguer, à agir bizarrement, violemment, passivement, un monde qui nous lobotomise et nous rend mauvais. Un monde qui nous laisse la schizophrénie, le mutisme, ou la drogue comme échappatoires. Un monde où la dépression est normalité, où elle est saine est nécessaire pour sa propre survie mentale.

Aujourd’hui cet art de dissocier les faits trouve son apogée dans ses extrêmes. Il y a les amateurs et les professionnels. Les amateurs c’est nous, et les pros, ceux que nous admirons, ceux dont nous fantasmons. Les tueurs en série, les violeurs, les dictateurs, ceux qui font de la négation de l’autre leur mode de vie. Eux ils sont en champion’s league et nous nous délectons de leurs exploits. Les reportages, les émissions, les films, les magazines, toujours plus centrés sur des sujets voyeurs, racolleurs ou scabreux, captent notre attention, fascinés que nous sommes derrière nos masques prudes. Des gens bien sous tous rapports qui fantasment sur l’immoralité, sur la brutalité. Pourquoi est on de plus en plus fascinés par les histoires de viols, de pédophilie, de torture ? Pourquoi repoussons nous toujours plus les limites des thèmes racolleurs dans notre société ? Parce que c’est nous, c’est notre destination. Notre prolongement. Nous sommes la pâte et ils sont la pizza. Nous sommes au péage ils sont déjà à la plage. Nous entrons au collège alors qu'ils célèbrent leurs diplômes.

Ils ont passé un cap, ils se sont fait happer tout entier par ce mode de vie, cette façon de compartimenter la réalité et de mépriser l'intégrité d'autrui. Si l’on veut être performant dans cette vie, il faut le faire ainsi, de manière brillante. C’est pas personnel, c’est le business, qu’on vous dit tous les jours, pour arriver à battre le chiffre d’affaire de l’année dernière en saignant toujours plus de clients. Ca n’a rien de personnel. Alors tout va bien. Je peux le saigner lui, et lui je peux le licencier, et rentrer chez moi la conscience tranquille. Vivre ainsi, c’est apprendre à refouler son désir d’existence. Tout trouve son explication, comme une cale magique sous une table aux pieds trop courts. Les SDF peuvent crever dans la rue, les somaliens mourir de fin, les roumaines faire le trottoir porte de Champerret, les gosses irakiens crever faute de médocs, les viets se faire griller au nom du bien, les occidentaux fournir toutes les armes aux pauvres pour qu’ils s’entretuent, ma voiture pourra continuer à détruire la planète, je pourrai continuer à aller me marier à l’église et sentir cette spiritualité qui m'envahit. Tout trouve ainsi son sens. Je n’aurais plus à rougir, me sentir coupable, non car tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est le business, c’est pas personnel qu’on vous dit. Eureka.

Les plus "performants" refoulent totalement leurs sentiments. Mais comme deux mêmes pôles d’aimants se repoussent, on ne peut pas les plaquer ensemble indéfiniment. Le bouchon finit par exploser. Et la pulsion explose. On tue, on viole, on fait n’importe quoi. On ne contrôle rien. Et on vie comme ça, par à coups.
Si le monde est une feuille, et nos vies des lignes que l’on trace, il y en a parmi nous qui tracent leur ligne de vie de manière plus ou moins douce et continue. Il y en a qui se retiennent, et qui finissent par trouer la feuilles par pulsion pointillés. Des petits trous, des grands trous. Des fantasmes ou des actes. Des coups ou des tortures.

Je ne pense pas que le sadisme soit inné, ou si peu. Nous avons tous un désir de ressentir le bien, d’être rassurés sur notre existence. Nous partageons tous ce même savoir, cette même expérience qu’est la douleur, et nous avons tous ceci en commun de la haïr. C’est ce qui nous soude et nous connecte. Nous faire du mal entre nous, ne peut être un mode de vie sereinement accepté. Ce mal vous rattrapera en stress, en cancer, en ce qui finira par vous ramener à l’équilibre naturel des choses. Le mal entraine le mal. Le mal que l’on fait, que l’on répand, va inexorablement nous revenir à la gueule. C’est juste une question de temps.

Nous sommes poussés à nous autodétruire, rongés par la honte d’être incapables de prendre en main notre monde, fuyant nos responsabilités d’en faire un paradis, nous qui nous sentons insignifiants face à l’ampleur de la tache qui nous incombe. A nous de créer le paradis, de savourer l’amour, de prôner l’altruisme, la vérité, et tout ce qui nous touche et nous rend meilleur. Nous avons le savoir pour découvrir l’atome, créer l’arme absolue, voyager dans l’espace. Alors nous avons aussi le savoir, la science infuse pour optimiser l’amour, pour amener la création de tout ce qui est bon. Nous sommes les artisans du paradis en puissance. C'est à ça que sert la connaissance du bien et du mal. Mais on ne se sent pas d'assumer cette tâche. Pourquoi ? j’en sais rien. On a un gros complexe d’infériorité, qu’on masque en se surexposant. Comme toutes les grandes gueules qui compensent leur petite taille ou leur manque de confiance. On se prend pour des dieux car on se sent comme des tocards. On assume que dalle. Peut-être parce qu’on craint la douleur et la mort. On flippe d’avoir les idées de dieu dans un corps si pourri. Comme si Mozart devait se contenter d’un triangle ou Zidane d’une balle de ping-pong. Bon dieu de merde faites qu’on retrouve ce ballon de foot.

10.4.03

Disarming Irak

On peine à distinguer le bien du mal. Car ce que l’on se dit tous, c’est que finalement, la guerre en Irak a fait du bien, car ces gens sont maintenant libres, en démocratie. Finalement, les américains ont eu raison, on a peut être été trop loin en les faisant chier dans leur entreprise de faire la guerre. Et on zappe la forme de tout ça. On oublie les faux prétextes, les demandes de rapatriement des corps américains enterrés en France, les accusations lamentables. On oublie les aberrations qui se cachent derrière tous les prétextes de cette guerre comme ces armes qu'on ne trouvera jamais malgré les preuves et photos satellites révélatrices du début. Preuves irréfutables que le CIA maitrise Photoshop.
On oublie que Bush manie le "dieu bénit l'amérique" aussi spectaculairement que le "sig heil". On oublie qu’il ne tend toujours pas l’autre joue. On oublie que ce pays comble de la liberté sait aussi imiter la plus stricte des dictatures. On oublie les "freedom fries", la pensée unique, la propagande à la Goebbels, le refus de dialogue, le rejet, le lapidage de ceux qui sont contre. On oublie qu’ils en sont devenus intégristes de la liberté, de même que l’inquisition était intégriste de la parole de dieu. Quand les extrêmes se rencontrent, on ne distingue plus le bien du mal.

Cette guerre aura finalement choisi son prétexte à la fin, la liberté du peuple irakien. Certes, c’est bien. Je ne pense pas que leur autre liberté sera mieux. Je ne pense pas non plus que ce fut le véritable prétexte. Sans quoi les Etats-Unis devront délivrer toute la surface de la terre. Des ignominies, on en trouve partout. Y compris chez le peuple majoritaire, la Chine. Avez-vous déjà vu les images de pensionnats d’enfants abandonnés, nés illégalement en entravant la loi de l’enfant unique ? Et Poutine qui massacre les tchétchènes. Et la peine de mort aux Etats-Unis ? Les soldats américains se sont dit dégoutés par la richesse des palais de Saddam Hussein, comparés à la misère du peuple. Ont-ils vu la misère de leur propre peuple ?
Un dictateur en moins, c’est bien. Un virus de moins. Mais la machine est toujours malade, et toujours aussi perméable aux autres virus. Et je n’appelle pas "réussite" la mort et les souffrances d’hommes et femmes qui n’y sont pour rien, qui n’ont pas le pouvoir de décision.

Je voyais sur un site, la liste des morts américains au combat. A la télé américaine, on pouvait la voir défiler, accompagnée d’une douce musique divine. On y voyait pas les noms des soldats irakiens, ni même des civils innocents qui ont péri. Ceux-là n'ont ils pas droit à une musique ? Je croyais que le monde occidental pronait la compassion, la justice, la liberté, l'égalité. Pourquoi s’emporter aussi à la vision d’images de prisonniers de guerre américains alors que l’on voit tous les jours des cadavres irakiens a la télé, ou autres prisonniers torturés de Guantanamo.
Hier, sur un forum parlant de la guerre, quelqu’un a posté une photo, accompagnée du titre " disarming Irak". "En désarmant l’Irak". Sachant aussi que "arm" signifie "bras". On pouvait donc aussi traduire "en démembrant l’Irak". C'était gosse irakien qui n'avait plus de bras, juste des pansements. Puis d’autres photos, de lynchages, de sang, de cadavres. En voyant ce gosse, je me suis mis à pleurer.

5.3.03

Désolation

L’autre jour, aux infos, on a pu voir un ministre blâmer un chef de la police, parce qu’il avait organisé un match de rugby entre des jeunes et la police. A la base, la visite devait célébrer la baisse de la criminalité dans cette ville, mais ça s’est transformé en pot de départ du chef de la police, muté je ne sais où en tant que prof de gym. Et le ministre d’humilier ce type, qui pensait être récompensé, en disant devant les caméras que le travail de la police n’est pas de faire joujou avec des voyous, mais de les arrêter, de réprimer.
Ca m’a paru tellement gros, que j’ai cru à une blague, à un montage. Mais c’était bien vrai. Quand j’ai su que c’était vrai, j’avais envie de prendre mon fusil, de partir pour la révolution, pensant que c’était l’heure, que tout le monde serait d’accord pour y aller. Mais tout le monde s’en fout. Et moi, je trouve ça tellement dégueulasse. Joue pas avec les gosses, mets les en taule. Voila le message de sagesse de l'Etat. Maintenant, on ne sous-entend plus ce genre de choses, on le dit clairement, devant les cameras. Et personne ne voit la différence… ya vraiment des lobotomisés, des gros enculés, ici. J’ose même pas imaginer la taille de l'ego de ce type, en tout logique proportionelle à la profonde frustration qui semble transpirer de lui.

Pourtant j'avais un bon a-priori sur cet homme il y a quelques années. Enfin un jeune pas trop vieux qui fait de la politique. Mais voila le zombie maintenant, tel un pitbull en manque de violence il se déchaine et mord les siens. Il a trouvé sa petite importance devant les caméras. Ce type, c’est le mal. C’est comme ça que je le vois. Peut-être que je me trompe et qu’il est adorable, comme il tente de le montrer faussement lors d’interviews, mais je l'imagine plutôt vicelard, aigri, revanchard, frustré, et diablement pauvre dans sa tête, meurtri. A la fin de sa vie, quand il fera le bilan, j’aimerais pas être à sa place. Il aura beau prendre des douches, il puera toujours autant.

Qu'en pensent les gosses ? On leur dit que se détester, se craindre, est préférable à la complicité, au défi ludique d’un match de rugby. Certaines personnes semblent avoir besoin que les gens s'affrontent en vrai plutôt qu'en sport. Car c'est en divisant que les sans-couilles arrivent à sortir leur épingle du jeu, et malheureusement, à régner, pendant qu'on est trop occuppés à s'entre-déchirer.
Certaines personnes semblent avoir besoin que les délinquants restent des délinquants, en faisant en sorte que les flics restent des flics. C'est vrai quoi, des flics qui deviennent éducateurs sportifs, ça veut forcément dire que les délinquants sont en passe de s'en sortir. Ne plus avoir besoin de flic, c'est trop horrible pour les sans-couilles qui nous gouvernent. Car après, qui les défendra quand on en aura marre d'eux ? Et qui les aidera à appliquer leurs lois liberticides ? Qui les aidera à conforter leur pouvoir ?

Certains individus faibles et trop bêtes pour faire quelque chose de leur vie avec franchise et ouverture d'esprit, préfèrent une vie faite de manipulations. On se cache et on exploite les conflits des autres. Ainsi les banquiers et marchands d'armes sont les seuls à encourager tous les camps des guerres. Les "neutres" sont ceux qui sussurent à l'oreille des combattants de se ruer sur les autres. Et en plus il les financent, les arment. Et regardent le spectacle en comptant leurs dollars. Et à la fin, quand tout ce joli monde est affaibli, ils assoient leur autorité, ils démontrent leur importance. Ils exorcisent la frustration issue de leur complexe originel. Cette faiblesse, cette bêtise et cette peur transpirante et innée, n'est plus un handicap. Ils vivent de la mort des autres, car leur seule misérable vie, leur seul misérable corps, ne leur suffisaient pas. Ils sont "neutres", et pourtant ce sont eux, les véritables belligérants.

C'est le même principe pour les religions, qui subsistent de la culpabilité qu'elles impriment à leurs fidèles. Comme si le pape pouvait, lui, être exempt de cette culpabilité en vivant sur un trône en or massif, orné de croix serties de joyaux gros comme le poing. Comme si le christianisme pouvait tolérer le pape, l'inquisition, l'opus dei. Allez venez tous dans MON église, vous êtes coupables, vils et pêchez sans cesse; ne prenez pas de plaisir, ne vous évadez pas et surtout n'avortez pas, ne vous suicidez pas, n'abrégez pas vos souffrance, sinon vous irez en enfer... et accessoirement y'aura moins de monde à la quête c'est pas bon pour le business et les trônes en or. Et puis c'est si bon de vous voir vous prosterner par terre et d'entendre vos confessions. Car on veut tout savoir, tout contrôler. Pouah je peux pas saquer ces types.

Aujourd'hui, on nous dit en démocratie. Or les primates de tous bords qui nous gouvernent nous exaspèrent, années après années. Mais nous sommes trop fatigués pour songer à changer. Comme si le combat était perdu d'avance, comme si le feu révolutionnaire était douché par la déception de non-changement. Les jours de vote, on se murmure tous un "à quoi bon" général. Car on se dit inconsciemment que les dés sont pipés, que ce soit l'un ou l'autre qui soit élu, ce sera pire ou pire. Cette démocratie reste influencée par des élites, par des VIP. Par des gens faibles qui s'allient contre les autres pour trouver cette assurance qui leur fait cruellement défaut par nature. C'est "le maillon faible" grandeur nature, où les plus ignorants s'associent pour éliminer ceux qui respectent les règles, puis finissent par s'entretuer dans un combat absurde. Car il ne peut en rester qu'un.
Alors pour que les gens ne se rendent pas compte de la faiblesse de ceux qui les gouvernent, il faut brouiller les pistes. Pointer du doigt les syndiqués, les étrangers, les jeunes de banlieues. Les mettre en taule le plus tôt possible. Pourquoi pas les pister dès la maternelle, isoler le gêne de la racaille ? Il faut à tout prix des coupables à nos maux. Que les gens aient leurs coupables désignés, ainsi ils ne chercherons plus les vrais salopards.

Jouer au rugby avec eux, ce serait innocenter ces jeunes, montrer que tout cette racaille peut-être autre chose que de la racaille. Ce serait enfin embrasser le principe d'égalité entre les hommes. Ce serait dissocier ce qu'ils font, de ce qu'ils sont : des gosses, et non pas des bêtes violentes. Ce serait prouver que leurs actes ne sont pas dus à ce qu'ils sont, mais sont une réponse aux saloperies que cette société répand. Comme si un jeune ne pouvait pas changer. Comme si nous étions tous blanc comme neige tout au long de notre vie. Comme si on pouvait se résigner à vivre sagement dans des cités poubelles, pendant que les grandes villes deviennent des carrés VIP. Comme si la délinquance était le privilège des pauvres. Comme si on pouvait naitre avec cette idée innée de casser du flic et de bruler des voitures.

Ceux qui ont peur de ce choix, de cette reponsabilité du devenir, choisissent de nous définir à notre naissance. Les flics et les racailles. Les riches et les pauvres. Les aryens et les juifs. Les élus et les serfs. Les bons et les mauvais.
Cette fuite de responsabilité, cette négation du juste cheminement de la vie, révèle leur propre faiblesse, leur minuscule identité, et l'immense frustration qu'elle suscite en eux. Plutôt que de faire leurs preuves, ils vont gruger la vie et martyriser leurs frères. De tous temps, ces gens cherchent et obtiennent le pouvoir sur les hommes, semant la désolation sur leur passage, faisant se perdre le sens de toute vie. Apprenez à les reconnaitre.

16.2.03

Chaine alimentaire

Pourquoi on se sent mal quand on croise un sdf ? pourquoi on change de trottoir ? pourquoi on baisse les yeux ? parce que c’est irréel, parce que si on le considère, cela nous hôte toute raison de vivre dans ce monde. Parce que ce sdf exprime notre irréalité, notre insignifiance, notre orgueil, nos faiblesses, notre impuissance, notre monde cruel et raté. Parce que ce sdf est la preuve même que vous n’existez pas. Parce que si vous le considérez, il existe, et vous, vous n’existez pas. Votre monde, votre vie, n’a plus de sens. Ce sdf, c’est votre mort, votre peur. Chaque sdf croisé est une petite mort pour vous.

Et en même temps ce paradoxe. Notre premier réflexe est un sentiment honteux de culpabilité, mélé à une peur panique du pauvre sans attache. Elle nous fait changer de trottoir ou de wagon. La peur de celui qui n'a rien à perdre, qui peut se permettre de gueuler et de se compromettre au regard des autres. Ca, ça nous fout en l'air, car on en est incapable, se mettre en scène comme ça et subir le jugement en société. On est phobique de ça. Quand au sentiment honteux de culpabilité, il ne vient pas forcément du fait qu'on les plaint d'être pauvres. Je crois qu'en fait on se plaint nous même de jouer le jeu qui les rend pauvres. Et de ne pas être si heureux que ça. On se rend compte que le prix à payer est énorme, et qu'en plus ça n'apporte pas le bonheur. Juste une accoutumance aux quelques euros qui se cachent au fond de notre poche et auxquels on s'aggrippe comme un mort de faim, en répétant dans sa tête le "non, j'ai rien" que l'on s'apprête à lancer à ce malheureux. Qui lui, pour le coup, est mort de faim. A chaque fois, une composition qui mérite un Oscar. La honte que l'on ressent, elle vient du fait que même le sourire qu'il nous demande en dernier recours, même ça, on est incapable de lui fournir. Et ça, ça finit de nous foutre en l'air.

Après cette phase de peur honteuse, notre raison d'homme moderne civilisé prend heureusement le dessus, nous réconforte, nous caresse subtilement le poil en nous sussurant des mots doux au creux de notre conscience. Non tu n'es pas coupable, c'est un fainéant. N'oublie pas, tu es un travailleur, et lui c'est un fainéant. Il est sale, il pue, il a des maladies et il mérite son sort. Il n'a qu'à bosser, et embrasser la même vie de merde que toi.
Les plus "téméraires" d'entre nous osent en effet détourner le regard sans se montrer hésitant ou coupable. Et parfois s'essayer au rôle de moralisateur. Tu ne boiras pas d'alcool (non c'est reservé aux riches travailleurs), tu ne fumeras ni te drogueras pas (idem). Parfois leur auto-persuasion est incroyable d'efficacité. Mais ça ne dure jamais longtemps. Sauf si on est effectivement une raclure sans nom.

Alors pour nous faciliter la tâche on préfère voter des lois, ayant pour but de masquer la pauvreté, bombarder les opprimés, interdire les gênants. On sera enfin tranquille avec notre conscience. On aura enfin l’impression de vivre dans un monde sensé.
Et puis un jour, les sdf on les parquera ailleurs, ils font fuir les touristes, ils sont trop et gâchent ce semblant de beau quartier, de fausse bonne ambiance, de fausse joie de vivre qui emplit l’homme du monde libre. Bientôt nous inventerons du répulsif ou des pièges anti-sdf. Dans certaines villes, ils sont d’ores et déjà interdits de séjour. Et interdits d’alcool. Non, pas d’alcool, vous n’aurez droit à rien pour apaiser vos souffrances. Souffrez en silence, mais lucides !

Je me suis dit que, quand on aura massacré toute la viande animale de la planète, on se bouffera entre nous. On sera alors devenu physiquement notre propre prédateur. De toute façon, l'ultra libéralisme, c’est ça. Il dénonce les monopoles, mais sa limite, son horizon, est pourtant le monopole, l’unité. Il donne un visage humain à la loi de la jungle. Nous sommes déjà nos prédateurs, le golden boy mangeant la secrétaire, le pdg mangeant l'employé, le vendeur mangeant le client. Alors on deviendra cannibales, on vantera d’abord les mérites de la viande sdf, élevée en pleine nature, nourris aux bonnes poubelles. Puis celle du salarié. Et ainsi de suite. Et à la fin, le dernier connard essaiera de se manger la bouche.

11.2.03

Ecran bleu

Je crois que l’homme souffre. Il souffre car son modèle souffre. Il fait le mal car il voit le mal. Car ce qui l’a créé fait le mal. Et lui, il arrive à penser que le bien existe. Il arrive même à se le procurer par simple volonté parfois, défiant les lois élémentaires de la vie. Il se rend compte que par sa volonté, le mal ultime est possible, de même que le paradis. Or l'outil nécessaire à l'accomplissement de cette tâche semble sortir de son contrôle. Et depuis tout ce temps, personne n'est venu lui apprendre à s'en servir. Tout juste quelques contes invraissemblables et si loin des tristes réalités implacables qui constituent sa vie.
L’homme est bon, mais se sent perdu, car il n’a pas de modèle. Ou plutôt, un modèle contradictoire avec ses convictions. Car la nature est une boucherie. Chaque espèce dévorant l’autre. La loi du plus fort. Au fond, la vie est un truc incroyablement bien. Le néant, qui se transforme en volonté de faire le bien. C'est ça notre volonté à tous. C’est ça la vie. Mais il y a au milieu l’étape « loi de la jungle » qui est un cap difficile à passer, à intégrer pour des esprits qui veulent faire le bien.

On dit que l’homme va contre la nature mais c’est faut. L’homme est la nature. Le plastique est la nature. Les gaz d’échappements sont la nature. Le trou de la couche d’ozone est la nature. Un mégot qui flotte sur la mer est la nature. Les pluies acides le sont aussi. Car l’homme les a engendrés, et l’homme est nature. L’homme n’a fait que de se construire une société à l’image de la forme de la nature : la loi du plus fort… mais, à visage humain.
Et comme dans son monde il n’avait pas de prédateurs, il se l’est créé. Ce sera lui-même. L’homme a omis une chose. Bien qu’en reproduisant les faits et gestes de ses parents, il a voulu reprendre tout à son compte, créer ses lois. Mais nul ne peut échapper aux lois de la nature. Car nous sommes nature, et nos lois sont aussi les lois de la nature. Aussi avons-nous voulu rompre la loi essentielle de la vie, la loi de l’équilibre. Cette loi qui délimite le bien et le mal, qui fait que le bien existe par le mal, qui fait que l’on tient debout, ou couché, qui fait que chaque espèce en dévore une autre, sans jamais la faire disparaître. Or, en essayant de se soustraire à cette loi, nous avons été rattrapés par la nature. Par la guerre, le cancer, le sida, les pluies acides, le revolver. Autant de morts qui régulent la vie humaine. Et quand bien même nous sommes sur le point de mettre fin au cancer, au sida, l’équilibre nous rattrapera toujours. Car nul ne peut se pencher éternellement en avant : un jour où l’autre, il chute. Et retrouve un équilibre, plaqué au sol.

On est entrain de construire le plus beau des buildings, qui touchera le ciel, consolidons avant tout ses bases pour qu’il ne se pète pas la gueule en chemin. On ne peut pas se permettre le doute dans une construction. Le doute fait tout capoter. Si on doute, qu’on est plus sur que telle ou telle brique se trouve à cet endroit, on court à la catastrophe, à l’incertitude, à l’angoisse, et, à coup sur, à notre perte.
Et c’est d’ailleurs la raison de notre perte. Nous ne savons fichtrement rien de nous, de nos origines, de tout ce qui nous entoure. On croit le saisir, mais on doute tout le temps. Même Einstein est remis en question, même la science atteint ses limites, et se borne à ignorer les faits scientifiquement inexplicables. Le secret, c’est de s’ouvrir, et de combler tous les trous. De répondre à toutes les questions élémentaires. Quand on s'avance dans le noir, il faut tâter le terrain, s’assurer que le sol est meuble.

On a toutes les preuves autour de nous, mais on veut aller plus vite que la musique. Comme ces cons de constructeurs d’ordinateurs. Toujours plus loin, toujours plus haut. Toujours plus de gigahertz. Bientôt le pentium 12, qui ira plus vite que la lumière. Mais mes parents ne comprennent toujours pas pourquoi Windows plante. Ils commencent à peine à comprendre comment allumer l’ordinateur. La seule chose qu’ils savent faire, avec une grande facilité, c’est l’éteindre. Suffit de la débrancher. Couper le courant.
Nous, c’est pareil. On sait très bien comment couper le courant. C’est même la seule chose qu’on sait avec certitude, et on connait mille manières d’y passer. Allumer ? heu… quelques acides aminés par ci par la, de l’eau, des electrons, heu… oui mais heu… Plantage de Windows ? Virus ? et bien, heu, la religion ? la faim dans le monde ? les terroristes ?

C’est pas à cause d’un virus que votre Windows plante. C’est parce que vous vous efforcez à ignorer les virus. C'est parceque Windows, dans son fonctionnement, introduit les virus. De même que dans la plupart des cas, le virus, c’est vous. C’est juste que vous ne comprenez pas comment votre machine marche, et ce qui n’était qu’un écran de veille inoffensif a été pris pour un terrible virus, construit par d’ignobles salopards qui méritent la peine de mort car ils vous font perdre votre temps.
C'est pareil quand on dit à quelqu'un que même 500 vulgaires petits mégahertz, pour ce qu’il veut faire avec sa machine, c’est trop, il se vexe. Il économiserait pourtant du temps, de l'argent, et de l'énergie. Il est orgueilleux, rien ne l’empêchera d’acheter son pentium12, qu’il n’arrivera jamais à faire fonctionner. Et grâce à lui, vivront des milliers de hotliners. Car les hotliners n’existent pas sans hotlinés.

C’est pas un antivirus qui empêchera les virus de faire planter votre machine. Car les deux vont de pair. L’un nourrit l’autre. Qui ne connaît pas la légende urbaine qui veut que ce sont les fabricants d’antivirus qui créent eux-mêmes les virus ?… La question relou, c’est qui est venu en premier ?
Et y'aura t-il une fin à ce cycle infernal ? Les fabricants d'antivirus resteront t-ils les bras balants lorsque les virus auront disparu ? Peut on imaginer un monde sans médecins et sans malades ? Les médecins ne devraient ils pas être rémunerés pour nous garder en bonne santé et non pour soigner nos maladies ?
L’orgueil vient de l’ignorance. On est orgueilleux, car on est incapable de répondre correctement à la moindre de ces interrogations qui nous accablent.

31.1.03

I have a dream

Ces derniers temps je fais souvent le même rêve. Je me vois sauter par la fenêtre. Je cours à travers le salon, et plonge par la fenêtre, les bras écartés majestueusement. Au point de non retour, je me vois tourner la tête et constater que, par toutes les fenêtres des immeubles de la rue, tout le monde fait le même saut que moi. Je nous vois tous en suspension quelques instants, pris de stupeur de constater que tout le monde a eu la même idée au même moment, avant de nous écraser tous sur le sol. En général, le rêve s’arrête à l’état de suspension, je n’ai pas encore vu la chute. Je pense que si je la vois un jour, ce ne sera pas un rêve.

24.1.03

Satan Hussein

L’autre soir je regardais une émission sur la prochaine guerre en Irak. Certains hommes politiques qui ont pris la parole étaient vraiment des trous du cul finis, à débiter des conneries sur le fait que Saddam Hussein est un ennemi pour tout le monde. Franchement, y'a pas que lui, et c’est peut être le moins dangereux de tous.
Un ministre anglais arrêtait pas de l’appeler « Saddam », « Saddam »… Pourquoi il l’appelle pas « Saddam Hussein ». Ils essayent de le transformer en je sais pas quoi. C’est pour marquer les esprits, car « Saddam », ça ressemble beaucoup à « Satan ». C'est comme un slogan publicitaire en fait. Ils nous vendent leur sale guerre. Et nous on applaudit comme des cons, comme devant une pub pour lessive dont on sait pourtant, depuis le temps, qu'elle ne lave pas plus blanc.
Et puis ils se coupaient tous la paroles, en insistant pour écouler leurs phrases préfabriquées. Bien que personne ne les écoute à cause du brouhaha, il FAUT qu’ils terminent leur phrase. Ils auront l’esprit tranquille ensuite, l’honneur est sauf. Quand je pense que ce sont les types qui nous dirigent, ça fout les boules. Au lieu de s'écouter, ils passent en force, et au final on entend rien. Et on appelle ça un dialogue, un débat. C'en est juste une piètre imitation.

Pour moi, un homme politique ne devrait pas avoir fait les plus grandes écoles, mais un séjour sous un pont, des années aux smic et une instruction digne de ce nom, c'est-à-dire ouverte sur le monde et non fermée sur son milieu élitiste et nombriliste. Pas dans une école club de VIP qui donne droit de rentrer dans ce cercle privé des têtes pensantes. Penser n’est pas un privilège. Les écoles de la pensée seront bientôt exclusivement des écoles de commerce privées, et hors de prix biensur. Les pauvres s'entasseront dans les fac surpeuplées et sans débouché.

Enfin bon, les irakiens ils sont méchants, il faut intervenir, et ça n’a rien à voir avec le pétrole, pas du tout. Alors il faut les croire non ? Mais putain de merde, partez en Chine libérer les gosses orphelins qui se font enchainer, partez sauver les condamnés à mort aux USA, partez harponner les japonais qui massacrent les baleines, faites la guerre à ceux qui tuent des millions de gosses en Irak, de familles en Tchétchénie, de SDF en France, partez en guerre contre ce qui pousse nos enfants à se suicider, contre le mal qui rugit dans les hôpitaux psychiatriques, contre les gens qui noircissent les océans, partez en guerre contre votre solitude et votre petite vie déjà écrite, partez en guerre contre le mal, pas contre un type que vous nous obligez à représenter comme le mal, histoire de rompre l’attention sur le malaise accablant provoqué deux 747.

Reconstruire l’Irak, instaurer une démocratie ? C’est ça la raison ? C'était la même au Vietnam, en Afghanistan. Aaaaah je vois votre rêve de démocratie, un Macdonald remplaçant la mosquée de Bagdad, un golfe-Disneyland, des ados irakiens qui se piquent pour oublier qu’ils sont déjà morts, votre royaume de l’indifférence qui s’étend dans l’antre même de celui que vous considérez comme l’ennemi. Beurk.

7.1.03

Five against one

Tout être humain doit se poser cette question à un moment de sa vie. Qui est dans le vrai ? moi ou le monde ? un contre 5 milliards, c’est un combat difficile, impossible, et je pense que chacun se rend, et accepte de vivre dans ce monde d’inadaptés. Un monde ou seuls ceux qui jettent un océan sur l’incendie de leurs convictions sont reconnus et apparaissent aux yeux des autres. Un monde ou le regard des autres est plus important que votre propre regard. Un monde ou tous les rêves sont faits pour être rêvés. Un monde ou tous les cauchemars sont faits pour être vécus. Un monde ou l’on vous projette des rêves sur écrans géants pour vous faire croire qu’ils sont accessibles.

Je ne pense pas qu’il y ait quelconque complot. Je pense qu’on est tous coupables et victimes à la fois. A force de renier convictions, à force de retenue, nous nous mentons à nous-mêmes. Nous refusons la vérité à tel point que nous ne savons plus qu’elle existe. Mais nous doutons tous. Et lorsque ce doute grandit, nous nous sentons mal. Aujourd’hui je joue contre. Contre les hommes, contre leur monde de pierre. Contre ces hommes qui se sont crus plus forts que la nature. Contre ces hommes qui se sont inventés des supérieurs pour justifier leurs actes et leur ôter toute responsabilité. Peut être y-en a t-il un qui existe, mais si vous réfléchissez bien à tous les messages de tous les dieux qui peuplent la terre, il est certain qu’aucun ne cautionnera jamais les actes des hommes. Je n’ai jamais, jamais vu quiconque tendre l’autre joue. Et il semble que la bonté soit un sentiment qui se perd à mesure que l'on "progresse" dans les échelons de la société.

Et l’enfer, cet enfer qui vous fait tous peur, que vous redoutez tant. Car dans chaque religion il y a une place pour ceux qui n’en respectent pas les clauses. Mais si vous y croyez tant, pourquoi vous ignorez ça ? Si l’enfer existait vraiment, vous y bruleriez tous éternellement. S’il y avait un paradis, il serait atrocement dépeuplé.
Si vous croyez tant en vos dieux, en vos religions, allez y jusqu’au bout, et craigniez la mise. Car la mise est énorme. Paradis ou enfer ? Quelques années de vie qui sont censées vous faire accéder à une éternité de bonheur ou d’horreur. Or personne n’y croit vraiment. Car personne ne craint vraiment l’enfer. Sinon personne ne tuerait, ne volerait, ne tromperait, ne mentirait,… Car sinon le message de Jésus et autres serait respecté à la lettre, car sinon les fortunes du Vatican seraient ailleurs. Si Jésus Christ revenait aujourd’hui, je doute qu’il séjourne au Vatican ou sois pote avec Georges Bush. Je le vois plutôt en hippie peace and love, en anarchiste convaincu ou en sdf sous un pont. En fait, je ne le vois pas du tout. Car il n’y a pas de place pour Jésus Christ en ce monde. Pas tant que nous croierons que tout ceci ne sera accessible qu’à notre mort.

Vous savez, plus ça va, et plus des gens comprennent. Quand on est jeune, on est ouvert à tout. On ne nait pas ignorant, on le devient. On nait neutre. A un gosse, aujourd’hui, on lui apprend que s’il agit mal il ira en enfer à sa mort. On lui explique que l’enfer sera quelque chose d’ignoble, la souffrance éternelle... Eternelle, putain. Déjà une minute c’est trop, alors une heure, un jour… l’éternité, nom de dieu...
Et dans le même temps, tous ces gens qui agissent mal dans la vie. La moindre publicité anodine ment ou se met honteusement en avant. On ment, on exploite, on arnaque, on indiffère. On prend à témoin des commandements, des péchés capitaux, qu'on viole pourtant chaque jour sans vergogne. Mais chut, on doit pas le dire. A la fin de la journée, on douche son cerveau devant sa télé pour oublier cette absurdité.

A nos enfants on leur dit que finalement c’est pas si mal, ou on leur montre qu’il faut qu’ils se fassent du mal pour se racheter après avoir péché. Quelqu’un de neutre, d’objectif, comprend que ça ne tient pas debout. Et la vous avez tous vos enfants suicidaires, dépressifs en puissance. Et vous dites ignorer d’où provient ce cataclysme. Des mômes qui aiment les câlins et apprécient le message d’amour de la plupart des religions, mais qui en ont plein le cul de voir qu’en pratique c’est l’inverse qui se produit sans que cela ne semble déranger personne. Manier la langue de bois, agir blanc et penser noir. Se dire immaculé en agissant comme une ordure. Mettre son âme au placard. Et enfiler son costume de saint n’y touche.

Apprenez à vos enfants que s’ils agissent mal, ce n’est pas à leur mort qu’ils rejoindront l’enfer, mais c’est bel et bien de leur vivant. Apprenez-leur que de renier ses convictions, c’est mal. Apprenez-leur qu’il ne suffit pas de se flageller, de se faire du mal, pour guérir le mal que l’on a fait. Apprenez-leur à prévenir.
On se plaint que nos mômes passent du temps sur leur ordinateur ou sur leurs jeux vidéos. Or n’importe quel monde virtuel semble plus réel que ce monde. Non pas dans ses fondements physiques. Mais dans ses relations humaines. Dans son mode de fonctionnement. Notre avatar est nous, et nous sommes lui. Notre âme est libre de vivre sans entraves. Il faut en arriver là aujourd’hui. Pour exister, il faut faire un jeu de rôle et s’évader dans un monde virtuel. Jouer un rôle pour être nous même, c'est la seule échappatoire que nous laisse cette conne de vie.