31.1.03

I have a dream

Ces derniers temps je fais souvent le même rêve. Je me vois sauter par la fenêtre. Je cours à travers le salon, et plonge par la fenêtre, les bras écartés majestueusement. Au point de non retour, je me vois tourner la tête et constater que, par toutes les fenêtres des immeubles de la rue, tout le monde fait le même saut que moi. Je nous vois tous en suspension quelques instants, pris de stupeur de constater que tout le monde a eu la même idée au même moment, avant de nous écraser tous sur le sol. En général, le rêve s’arrête à l’état de suspension, je n’ai pas encore vu la chute. Je pense que si je la vois un jour, ce ne sera pas un rêve.

24.1.03

Satan Hussein

L’autre soir je regardais une émission sur la prochaine guerre en Irak. Certains hommes politiques qui ont pris la parole étaient vraiment des trous du cul finis, à débiter des conneries sur le fait que Saddam Hussein est un ennemi pour tout le monde. Franchement, y'a pas que lui, et c’est peut être le moins dangereux de tous.
Un ministre anglais arrêtait pas de l’appeler « Saddam », « Saddam »… Pourquoi il l’appelle pas « Saddam Hussein ». Ils essayent de le transformer en je sais pas quoi. C’est pour marquer les esprits, car « Saddam », ça ressemble beaucoup à « Satan ». C'est comme un slogan publicitaire en fait. Ils nous vendent leur sale guerre. Et nous on applaudit comme des cons, comme devant une pub pour lessive dont on sait pourtant, depuis le temps, qu'elle ne lave pas plus blanc.
Et puis ils se coupaient tous la paroles, en insistant pour écouler leurs phrases préfabriquées. Bien que personne ne les écoute à cause du brouhaha, il FAUT qu’ils terminent leur phrase. Ils auront l’esprit tranquille ensuite, l’honneur est sauf. Quand je pense que ce sont les types qui nous dirigent, ça fout les boules. Au lieu de s'écouter, ils passent en force, et au final on entend rien. Et on appelle ça un dialogue, un débat. C'en est juste une piètre imitation.

Pour moi, un homme politique ne devrait pas avoir fait les plus grandes écoles, mais un séjour sous un pont, des années aux smic et une instruction digne de ce nom, c'est-à-dire ouverte sur le monde et non fermée sur son milieu élitiste et nombriliste. Pas dans une école club de VIP qui donne droit de rentrer dans ce cercle privé des têtes pensantes. Penser n’est pas un privilège. Les écoles de la pensée seront bientôt exclusivement des écoles de commerce privées, et hors de prix biensur. Les pauvres s'entasseront dans les fac surpeuplées et sans débouché.

Enfin bon, les irakiens ils sont méchants, il faut intervenir, et ça n’a rien à voir avec le pétrole, pas du tout. Alors il faut les croire non ? Mais putain de merde, partez en Chine libérer les gosses orphelins qui se font enchainer, partez sauver les condamnés à mort aux USA, partez harponner les japonais qui massacrent les baleines, faites la guerre à ceux qui tuent des millions de gosses en Irak, de familles en Tchétchénie, de SDF en France, partez en guerre contre ce qui pousse nos enfants à se suicider, contre le mal qui rugit dans les hôpitaux psychiatriques, contre les gens qui noircissent les océans, partez en guerre contre votre solitude et votre petite vie déjà écrite, partez en guerre contre le mal, pas contre un type que vous nous obligez à représenter comme le mal, histoire de rompre l’attention sur le malaise accablant provoqué deux 747.

Reconstruire l’Irak, instaurer une démocratie ? C’est ça la raison ? C'était la même au Vietnam, en Afghanistan. Aaaaah je vois votre rêve de démocratie, un Macdonald remplaçant la mosquée de Bagdad, un golfe-Disneyland, des ados irakiens qui se piquent pour oublier qu’ils sont déjà morts, votre royaume de l’indifférence qui s’étend dans l’antre même de celui que vous considérez comme l’ennemi. Beurk.

7.1.03

Five against one

Tout être humain doit se poser cette question à un moment de sa vie. Qui est dans le vrai ? moi ou le monde ? un contre 5 milliards, c’est un combat difficile, impossible, et je pense que chacun se rend, et accepte de vivre dans ce monde d’inadaptés. Un monde ou seuls ceux qui jettent un océan sur l’incendie de leurs convictions sont reconnus et apparaissent aux yeux des autres. Un monde ou le regard des autres est plus important que votre propre regard. Un monde ou tous les rêves sont faits pour être rêvés. Un monde ou tous les cauchemars sont faits pour être vécus. Un monde ou l’on vous projette des rêves sur écrans géants pour vous faire croire qu’ils sont accessibles.

Je ne pense pas qu’il y ait quelconque complot. Je pense qu’on est tous coupables et victimes à la fois. A force de renier convictions, à force de retenue, nous nous mentons à nous-mêmes. Nous refusons la vérité à tel point que nous ne savons plus qu’elle existe. Mais nous doutons tous. Et lorsque ce doute grandit, nous nous sentons mal. Aujourd’hui je joue contre. Contre les hommes, contre leur monde de pierre. Contre ces hommes qui se sont crus plus forts que la nature. Contre ces hommes qui se sont inventés des supérieurs pour justifier leurs actes et leur ôter toute responsabilité. Peut être y-en a t-il un qui existe, mais si vous réfléchissez bien à tous les messages de tous les dieux qui peuplent la terre, il est certain qu’aucun ne cautionnera jamais les actes des hommes. Je n’ai jamais, jamais vu quiconque tendre l’autre joue. Et il semble que la bonté soit un sentiment qui se perd à mesure que l'on "progresse" dans les échelons de la société.

Et l’enfer, cet enfer qui vous fait tous peur, que vous redoutez tant. Car dans chaque religion il y a une place pour ceux qui n’en respectent pas les clauses. Mais si vous y croyez tant, pourquoi vous ignorez ça ? Si l’enfer existait vraiment, vous y bruleriez tous éternellement. S’il y avait un paradis, il serait atrocement dépeuplé.
Si vous croyez tant en vos dieux, en vos religions, allez y jusqu’au bout, et craigniez la mise. Car la mise est énorme. Paradis ou enfer ? Quelques années de vie qui sont censées vous faire accéder à une éternité de bonheur ou d’horreur. Or personne n’y croit vraiment. Car personne ne craint vraiment l’enfer. Sinon personne ne tuerait, ne volerait, ne tromperait, ne mentirait,… Car sinon le message de Jésus et autres serait respecté à la lettre, car sinon les fortunes du Vatican seraient ailleurs. Si Jésus Christ revenait aujourd’hui, je doute qu’il séjourne au Vatican ou sois pote avec Georges Bush. Je le vois plutôt en hippie peace and love, en anarchiste convaincu ou en sdf sous un pont. En fait, je ne le vois pas du tout. Car il n’y a pas de place pour Jésus Christ en ce monde. Pas tant que nous croierons que tout ceci ne sera accessible qu’à notre mort.

Vous savez, plus ça va, et plus des gens comprennent. Quand on est jeune, on est ouvert à tout. On ne nait pas ignorant, on le devient. On nait neutre. A un gosse, aujourd’hui, on lui apprend que s’il agit mal il ira en enfer à sa mort. On lui explique que l’enfer sera quelque chose d’ignoble, la souffrance éternelle... Eternelle, putain. Déjà une minute c’est trop, alors une heure, un jour… l’éternité, nom de dieu...
Et dans le même temps, tous ces gens qui agissent mal dans la vie. La moindre publicité anodine ment ou se met honteusement en avant. On ment, on exploite, on arnaque, on indiffère. On prend à témoin des commandements, des péchés capitaux, qu'on viole pourtant chaque jour sans vergogne. Mais chut, on doit pas le dire. A la fin de la journée, on douche son cerveau devant sa télé pour oublier cette absurdité.

A nos enfants on leur dit que finalement c’est pas si mal, ou on leur montre qu’il faut qu’ils se fassent du mal pour se racheter après avoir péché. Quelqu’un de neutre, d’objectif, comprend que ça ne tient pas debout. Et la vous avez tous vos enfants suicidaires, dépressifs en puissance. Et vous dites ignorer d’où provient ce cataclysme. Des mômes qui aiment les câlins et apprécient le message d’amour de la plupart des religions, mais qui en ont plein le cul de voir qu’en pratique c’est l’inverse qui se produit sans que cela ne semble déranger personne. Manier la langue de bois, agir blanc et penser noir. Se dire immaculé en agissant comme une ordure. Mettre son âme au placard. Et enfiler son costume de saint n’y touche.

Apprenez à vos enfants que s’ils agissent mal, ce n’est pas à leur mort qu’ils rejoindront l’enfer, mais c’est bel et bien de leur vivant. Apprenez-leur que de renier ses convictions, c’est mal. Apprenez-leur qu’il ne suffit pas de se flageller, de se faire du mal, pour guérir le mal que l’on a fait. Apprenez-leur à prévenir.
On se plaint que nos mômes passent du temps sur leur ordinateur ou sur leurs jeux vidéos. Or n’importe quel monde virtuel semble plus réel que ce monde. Non pas dans ses fondements physiques. Mais dans ses relations humaines. Dans son mode de fonctionnement. Notre avatar est nous, et nous sommes lui. Notre âme est libre de vivre sans entraves. Il faut en arriver là aujourd’hui. Pour exister, il faut faire un jeu de rôle et s’évader dans un monde virtuel. Jouer un rôle pour être nous même, c'est la seule échappatoire que nous laisse cette conne de vie.